Critique : Chappie (2015)

Le Sud-Africain Neill Blomkamp revient en 2015 pour son troisième long métrage : Chappie! 

Avant de parler de son nouveau film, revenons sur la filmographie de ce talentueux réalisateur qui a su s’imposer rapidement l’un des meilleurs de sa génération.

Ami de longue date de Sharlto Corpley et spécialiste des effets visuels ; Neill Blomkamp fût remarqué en 2009 par le public et les amateurs de SF grâce à son premier long métrage : District 9. Le film proposait un format assez inhabituel à son époque : à mi-chemin entre un documentaire et un film de science-fiction. Les thèmes du film tels que l’immigration, la xénophobe ou encore la face cachée des filiales multinationales liées au gouvernement sont traités avec sérieux pendant tout le film et agrandissant les débats sur ces thèmes. District 9 avait la particularité de placer l’intrigue dans un environnement très urbain et défavorisé. Chef d’œuvre cinématographique irréprochable et récompensé par de nombreux prix, Neill Blomkamp voit sa carrière s’envoler grâce à son film !

Quelques années plus tard, le jeune réalisateur sortit le film Elysium, second long métrage beaucoup plus ambitieux techniquement et plus divertissant ! Le succès de District 9 permit à Neill Blomkamp d’obtenir des moyens financiers plus conséquents pour son nouveau film, mais aussi de s’entourer d’acteurs connus tels que Matt Damon, Jodie Foster, Alice Braga et de l’un de ses grands amis : Sharlto Corpley. Elysium reprenait la plupart des points forts de District 9 (l’environnement urbain, des thèmes sensibles par rapport à notre société actuelle), mais en adaptant au registre du film. Tout comme District 9, plusieurs problèmes de notre société sont dénoncés dans Elysium : le déséquilibre entre les classes sociales, le droit aux soins médicaux et l’incapacité des pouvoirs politiques à gérer une surpopulation humaine.

Le film a eu des retours très mitigés du fait que Elysium ressemble à District 9 sur certains points, aussi bien sur le fond que la forme.
Neill Blomkamp a toujours souhaité dénoncer les malaises de notre société de manière pédagogique et avec un fond qui permet de se poser des questions intéressantes, mais dans un univers à la fois fictif et réel.

Son nouveau long métrage, Chappie, suit le même chemin que ses prédécesseurs sur ce point, mais en révolutionnant les films de science-fiction centrés sur l’intelligence artificielle ! On y retrouve l’environnement urbain, mais aussi industriel (une bonne partie se passe dans une entreprise qui conçoit des robots à la chaîne).

Une fois encore, Neill Blomkamp s’entoure de têtes d’affiche à savoir Hugh Jackman, Dev Patel (découvert dans Slumdog Millionnaire), Sigourney Weaver, mais des membres du groupe de rap-rave : Die Antwoord ! Chappie se passe à Johannesburg dans un futur proche où la délinquance et la criminalité atteignent un fort niveau  à cause du manque de moyens humains des forces policières de la ville. Pour contrer ce problème qui empoisonne la ville, une entreprise met à dispositions aux forces de l’ordre, des robots disposant d’une I.A et programmés pour intervenir contre toutes menaces terrestres. L’efficacité de ces robots est rapidement ressentie au sein de Johannesburg : La criminalité a chuté et la ville est presque revenue dans le calme. Souhaitant créer un robot capable de ressentir des émotions et d’être doté d’une conscience, le créateur de ces robots (incarner par Dev Patel) développe une intelligence artificielle se rapprochant de la conscience d’un être humain

Le thème de la conscience humaine au sein d’un robot fût maintes fois utilisé dans le cinéma, mais sans jamais faire ressurgir des émotions et poser des questions qui méritent de remettre en question l’évolution de certaines technologies qui envahissent actuellement notre quotidien (ordinateurs, téléphones, robots…).  

Tout comme Elysium et District 9, Neill Blomkamp continue de nous impressionner aussi sur le plan de la réalisation que sur le scénario qui regorge de thèmes passionnants : l’éducation, le choix de sa propre voix, l’impact de la dépendance aux technologies, le partage d’une conscience humaine, le rejet de la société par rapport à ce que nous sommes et le rapport entre l’homme et sa propre création.
Ce long métrage permet aussi de découvrir enfin un être artificiel ayant une conscience humaine capable de faire ressentir de vraies émotions humaines !

Une des particularités du film est d’inclure quelques scènes comiques dans le but de rendre Chappie encore plus attachant et le film plus divertissant !

La première chose qui frappe dans le film c’est la personnalité de Chappie qui est juste incroyable et vraiment proche d’un être humain. Chappie est montré comme un être sensible, émotif, timide, curieux et touchant et c’est ce qui le démarque des autres films de science-fiction. Dans le film, Neill Blomkamp décrit Chappie comme un enfant faisant ses premiers pas, n’ayant aucun repère, découvrant le monde réel de ses propres yeux et souhaitant s’insérer dans notre société. Il est difficile de ne pas être sensible face à ce type de personnage qui agit comme un nouveau-né.

Techniquement, le film est irréprochable : la modélisation des robots est très réaliste. Le plus surprenant c’est l’utilisation de la motion capture pour Chappie : Sharlto Copley fût choisi pour incarner le fameux robot afin que les déplacements se rapprochent le plus possible d’un être humain et le résultat est incroyable !

Hugh Jackman incarne le « méchant » du film, ce qui est intéressant avec son personnage c’est qu’il joue un homme refusant son propre échec et souhaitant s’imposer dans un domaine sans qu’on lui fasse de l’ombre. Les défauts et les décisions prises par son personnage sont suffisamment bien développés pour ne pas tomber dans le banal antagoniste sans cervelle et n’ayant que des objectifs idiots. Sigourney Weaver endosse le rôle du PDG de l’entreprise qui conçoit et réparer des robots. Même si sa présence dans le film est loin d’être importante, elle arrive à avoir un jeu correct. Découvert dans Slumdog Millionnaire, Dev Patel incarne parfaitement le jeune surdoué optimiste, conscient de ses responsabilités et qui se doit de faire en sorte que sa création (Chappie) soit conçu et éduquer à son image. Concernant les fameux membres du groupe Die Antwoord qui jouent dans le film : Vu les styles complètement déjantés, leurs personnages leur vont très bien et offre un jeu d’acteurs plutôt bon.

Composé par Hanz Zimmer, la bande originale se veut axer électronique et l’ambiance sonore colle très bien à l’univers du film.

Malheureusement, Chappie accumule un gros défaut qui aurait pu être corrigé : Le film est presque une promotion au groupe Die Antwoord tellement les références liées au groupe de rap-rave sont grosses et présentes !


Neill Blomkamp signe un véritable chef d’œuvre dans la même continuité que ces précédentes œuvres, à savoir, dénoncer les problèmes de notre société tout en offrant un divertissement de très bonne qualité. Révolutionnaire, touchant, drôle et visuellement magnifique, Neill Blomkamp livre une nouvelle pépite cinématographique qui ne laisse pas indemne. 

Note : 18/20

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