Critique : Victoria (2015)
Alors que nous
vivons dans une époque où les blockbusters envahissent de plus en plus nos
cinémas, il arrive parfois de tomber sur des pépites cinématographiques qui tentent d’offrir
une expérience inédite et mémorable aux spectateurs. Chaque année, des pépites
cinématographiques se font remarquer, mais malheureusement elles restent
discrètes à cause d’un faible plan marketing et d'un bouche à oreille invisible. Victoria de Sebastian Schipper
fait-il partie de cette catégorie de film ? C’est ce que nous allons
voir… mais tout d’abord : un petit cours sur le plan-séquence !
Le film
Victoria a la particularité d’être filmé en plan-séquence pendant environ 2h30
dans les rues de Berlin.
Contrairement
aux films « lambda » qui coupent entre chaque plan pour filmer sous
un meilleur angle de vue (par exemple pour filmer deux personnages en train de
discuter), le plan-séquence a pour but de filmer une scène (voir un film en
entier comme Victoria) en un seul plan et donc sans aucune coupure. Il existe
plusieurs points importants dont les acteurs et réalisateurs doivent tenir
compte lors d’un plan-séquence, mais voici les deux points primordiaux à tenir compte : Le
rythme et l’improvisation. Le plan-séquence a pour effet d’être vraiment
« dans le film » : On suit en temps réel l’intrigue du film
ainsi que l’évolution des personnages.
Réalisé par
Sebastian Schipper, le film nous permet de suivre Victoria,
une jeune Espagnole venant de s’installer à Berlin il y a quelques mois. Alors
qu’elle vient de sortir d’une boite de nuit, Victoria rencontre un groupe de
jeunes berlinois et décide partir avec eux pour prolonger la soirée, mais rien
ne va se passer comme prévu.
Dès les
premières minutes du film, Victoria commence avec une introduction à la fois
pesante et hypnotique, où l’on ressent beaucoup l’influence de certains films
comme Enter The Void de Gaspard Noé. Même si le schéma narratif du film reste
simple, voire anecdotique (présentation des personnages, début de l’intrigue,
fin de l’intrigue, conclusion), Sebastian Schipper utilise intelligemment le
rythme du film pour se focaliser principalement sur la présentation et
l’évolution des personnages.
On finit rapidement par s’attacher aux personnages
du film grâce à leur personnalité et leur charisme. Le personnage de Victoria
est assez intéressant et réaliste : On y découvre une jeune femme
sympathique tentant de s’intégrer dans une ville qu’elle connait depuis peu de
temps. Ne connaissant quasiment personne à Berlin, elle essaie de se faire des amis
et une place dans la ville. Elle garde derrière elle certains secrets qu’elle
craint lui hanter de nouveau.
Le
groupe berlinois qui rejoint Victoria ont aussi à leur propre personnalité et
leur secret qui se peu à peu dévoilé. Malgré un développement un peu léger pour
certains membres du groupe, il n’en reste pas moins plaisant de suivre Victoria et le groupe berlinois durant leur escapade nocturne.
Plan-séquence
oblige, le rythme est un atout très important dans le film : Sebastian
Schipper ne cherche pas à brusquer les évènements dans le film, il les filme avec un
rythme à la fois lent et réaliste. Victoria repose principalement sur un rythme
réaliste concernant l’enchaînement des évènements qui se suivent. Cela en
devient la force…mais la faiblesse du film : La première partie du film
est assez longue du fait qu’elle souffre de pas mal de longueurs. Est-ce des
longueurs vraiment gênantes ? Non, car si on y réfléchit, le film se passe
dans la vie réelle où on ne se retrouve pas dans une situation hors du commun
en quelques minutes.
Victoria permet
aux acteurs du film de se confronter à un exercice pas toujours évident
(surtout quand le film dure 2h20) : L’improvisation. Fort heureusement,
ils s’en sortent honorablement, mais sans trop commettre des maladresses dans
leurs dialogues et leurs actions.
L’utilisation
du plan-séquence n’est pas uniquement faite pour que Victoria soit un film
différent de que ce que l’on peut voir habituellement dans nos salles obscures,
mais aussi pour qu’il devienne une expérience unique rarement vue au
cinéma ! La preuve que le film de Sebastian Schipper est une expérience
incroyable réside principalement dans la deuxième partie du film qui permet de ressentir
beaucoup d’émotions par rapport à la situation des personnages du film (la
joie, le stress, la peur, l’amour). Il est quasiment impossible d’en sortir indemne à la fin du film tellement l’immersion dans ce film est forte.
Sebastian
Schipper signe une œuvre dont aimerait en voir plus souvent grâce à
l’utilisation du plan-séquence, qui se marrie parfaitement avec le registre du
film. Victoria est bien plus qu’un film, c’est une expérience unique en son
genre où il peut être difficile de le décrire par de simples mots. Une
immersion totale dans les rues berlinoises de 2h20 où la sensation d'avoir vécu quelque chose d'unique est forte.
Note : 18/20
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