Dossier : Andrew Niccol (Partie 2)

Analyse de ses films en tant que réalisateur




Gattaca (1997)



Premier film d'anticipation d'Andrew Niccol, Gattaca se passe dans un futur proche où l'on découvre l'incroyable destin de Vincent Anton Freemen (Ethan Hawke). Faisant partit des derniers êtres humains nés de façon "naturel", Vincent vit dans un monde où la modification génétique est possible dès notre plus jeune âge et permet de choisir les imperfections et les perfections qu'il puisse avoir. Passionné par l'espace depuis son enfance, Vincent se met en tête de faire partie des personnes qui iront sur une planète nommée "Titan" grâce à Gattaca : Un centre de recherches spatiales réservé uniquement aux personnes au code génétique jugé comme parfait. Malgré de nombreuses imperfections qui lui empêche d'être accepté à Gattaca, Vincent décide de faire appel à des méthodes lui permettant de passer les lois de Gattaca. Pour entrer à Gattaca, il devra prend l'identité de Jérôme (Jude Law), une homme considéré comme génétiquement parfait et répondant largement aux conditions de Gattaca.



Les thèmes sur la modification génétique et sur l'eugénisme font référence à la GPA (Gestation Pour Autrui) dans notre société. Dans Gattaca, des parents peuvent choisir librement les perfections et les imperfections de leur enfant ainsi que certains détails (comme l'espérance de vie) afin que celui-ci soit conçu à leur image. Bien que nos technologies ne soient pas aussi sophistiquées que dans le film, nous pouvons actuellement modifier le patrimoine d'un être vivant. Les résultats d'une quelconque modification génétique sont loin d'être bon à 100%, mais pour le moment ses recherches sont surtout utilisées d'un point de vue médical et non dans le but de chercher à créer un être "parfait".
Actuellement, la GPA et la modification génétique font partie des sujets épineux de nombreux pays pour plusieurs raisons et cela ne risque pas de s'arrêter...




Alors que je n'étais né que depuis quelques secondes, la date et la cause de ma mort étaient déjà connus. - Vincent Anton Freemen


Même si le film se situe dans un futur proche, on peut avoir l'impression d'avoir un film où l'intrigue se passe dans les années 70-80.
L'atmosphère "vintage" est dû à l'utilisation des couleurs dans le film (des couleurs rarement "chaude") et aux modèles des véhicules (Citroën DS décapotable ou encore des Studebaker Avanti pour les connaisseurs). Afin de montrer que l'action se passe bien dans le futur, les véhicules furent modifiés au niveau de leur carrosserie mais aussi concernant le bruit des moteurs. Dans le film, les voitures émettent un étrange bruit quand elles roulent, qui laisse penser qu'elles sont entièrement électrique.

Durant toute la durée du film, Andrew Niccol ne cesse de remettre en question l'eugénisme : En effet, le personnage de Jérôme représente une personne rongée par certains échecs personnels et la perfection qu'on lui a offerte. L'eugénisme peut nous rendre meilleur dans plusieurs domaines (le sport par exemple), mais il peut nous consumer à cause de notre propre envie de réussir un objectif que nous pensons à porter de main. Jérôme est l'exemple parfait de cette eugénisme qui peut nous anéantir et à n'être plus que l'ombre de nous-même.
Le personnage de Vincent est l'opposé de celui de Jérôme : Un homme mis à l'écart par la société pour ses imperfections, mais qui tente de surmonter ses problèmes grâce à son courage et sa détermination à atteindre ses propres rêves. Le destin de Vincent et de Jérôme permet de comprendre l'un des messages forts du film : Une société parfaite n'est pas dépourvu d'imperfections, elle les caches tout simplement.






S1m0ne (2002)






Sortit 5 ans après Gattaca, S1m0ne nous plonge dans le monde hollywoodien où la découverte d'un programme informatique va changer la vie d'un réalisateur de film.

N'arrivant plus à retrouver le succès de ses premiers films, ayant du mal à supporter son divorce et découvrant que son actrice vedette le lâche pendant le tournage de son nouveau film, la vie de Viktor Transky (Al Pacino) ne semble pas lui sourire. Pourtant alors qu'Hollywood commence à lui fermer ses portes, un étrange informaticien admirateur de ses oeuvres, lui offre un programme informatique lui permettant de créer un être virtuel. 
Ce programme informatique va non seulement lui permettre de terminer son film, mais aussi de retrouver un grand succès auprès du public. En créant l'actrice parfaite et aimé par le monde entier, Viktor Taransky profite pleinement du succès de celle-ci, mais sa création va peu à peu sortir de son contrôle.


S1m0ne aborde plusieurs thèmes totalement en accord avec notre société : La mystification du cinéma, l'acharnement des médias et la démesure de la célébrité.

La mystification dans le cinéma est un concept utilisé couramment depuis de nombreuses années : Il permet de casser la frontière entre le réel et l’irréel à tel point que le public se laisse facilement tromper. Dans le film, Simone semble tellement réelle et incroyablement belle dans les films de Viktor que les médias et le public donneraient tout pour la rencontrer en vrai ! Même si la vérité éclate au grand sur la nature de son existence, le monde est tellement obstiné par Simone que n'importe quelle vérité ne sera retenue, car le public souhaite garder tout ce qui fait la beauté et le mystère autour de l'actrice. Ce "fantasme" amène même à inventer toute une histoire personnelle sur elle, afin de profiter de la situation et par la même occasion augmenter la notoriété de l'actrice. 



J'ai voulu convaincre le monde entier que tu existais.
En fait, j'ai vraiment tenté de les convaincre que j'existais.
Ce n'est pas que tu ne sois pas humaine.
C'est que je le suis. - Viktor Transky



Viktor Taransky est une référence au célèbre docteur Victor Frankenstein, mais pas uniquement pour la similarité des prénoms des deux personnages :  Viktor Taransky est un cinéaste ayant créer un être unique en son genre, mais qui comprend que ce n'est plus lui qui contrôle sa création, c'est sa création qui le contrôle. Il veut obtenir ce que Simone possède : être sous les feux des projecteurs du monde entier. Simone est une sorte de reflet de ce que Viktor Transky aurait voulu être : Une personne incontournable dans le monde.

L'envie de ressemble à quelqu'un (physiquement par exemple) n'a rien de nouveau, mais Andrew Niccol montre quel genre de dérive il peut y avoir face à cela.

Puisque le film se concentre aussi sur la montée en puissance de la popularité de Simone et de Viktor, il est important de constater toute la démesure de leur popularité : Des personnes seraient à se battre pour découvrir Simone en vrai. La vie de Viktor en devient vite insupportable du fait que les paparazzis lui offrent plus aucune intimité sans avoir la moindre information sur Simone.

S1m0ne présente le système hollywodien de manière très satirique afin de montrer la démesure qu'il existe actuellement dans notre société autour de nombreuse personnalité populaire.





Lord of War (2006)





La guerre : Un poison qui détruit l'espèce humaine et la Terre pour certains, un business juteux pour d'autres. Depuis plusieurs années, les hommes continuent de se faire la guerre pour diverses raisons, certaines personnes profitent des conflits entre les pays pour gagner leur vie en tant que marchands d'armes.

Inspiré de la vie de plusieurs marchands d'armes, Lord of War retrace l'incroyable ascension de Yuri Orlov, un homme devenant en quelques années l'un des plus grands marchands d'armes au monde.
Lord of War à la particularité d'être à la fois une biopic fictive et une sorte de documentaire sur le marché des armes à feu dans le monde. Yuri Orlov est présenté comme un personnage cynique, ne pensant qu'au business et ne se souciant très peu du fait qu'il alimente des guerres meurtrières. Il ne se considère pas comme un marchand de morts, mais comme un simple commerçant profitant de la situation. Un homme qui prend plaisir dans son travail et dont la vie d'innocents lui importe peu, car ce n'est pas sa guerre. Un pur enfoiré comme il est rare d'en voir au cinéma !


On estime à environ 550 millions le nombre d'armes à feu actuellement en circulation, autrement dit, il y a 1 homme sur 14 qui est armé sur cette planète.
La seule question est : "Comment armer les 11 autres ?" - Yuri Orlov




Comme à son habitude, Andrew Niccol ne donne pas un avis général sur son sujet. Lord of War met en lumière deux facettes très différentes du marché des armes à feu. Une grande partie du film représente la vision de Yuri Orlov par rapport aux armes à feu, à travers différentes images et sa voix en tant que narrateur du film : Chaque arme et munition rapportent de l'argent et l'argent permet d'avoir du pouvoir. L'important n'est pas de savoir que vont faire des gens avec des armes à feu, mais plutôt qui va en acheter et combien !
La deuxième facette du marché des armes à feu est représentée par le frère de Yuri et le message est clair : Les armes à feu n'ont jamais été utilisés dans le but de se défendre, mais dans celui de s’entretuer. Cela n'apporte rien d'autre que la souffrance et la mort ! Il est difficile d'aller plus loin dans l'analyse de ce film sans révéler des passages importants.



Contrairement à Gattaca ou S1m0ne, l'utilisation des couleurs est moins "recherchée" dans Lord of War : Les couleurs sont plus chaudes (en particulier lors de certains passages en Afrique) afin d'offrir un visuel plus réaliste vis-à-vis de l'époque du film et du lieu où l'action se passe.

Lord of War possède de nombreux messages suffisamment forts et intelligents pour voir les guerres d'aujourd'hui et certains organismes comme l'ONU sous un autre regard. Même si la vie de Yuri Orlov est fictive, les problèmes de la guerre évoqués sont bien réelles.


Dossier : Andrew Niccol (partie 1)



Dossier : Andrew Niccol (partie 3)


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