Critique : Fruitvale Station (2013)

Depuis quelques années, la situation de la population américaine devient de moins en moins stable suite à de nombreux problèmes comme les conflits entre le force policière et les américains. L'une des histoires les plus tristement célèbres qui expliquent parfaitement les raisons de ces conflits est certainement celle d'Oscar Grant. 
C'est à travers une biopic qui cette histoire prend vie. En quoi cette biopic est-elle pertinente et si spéciale ?
C'est ce que nous allons voir.

Fruitvale Station, l'une des histoires qui a fait trembler l'Amérique.


Avant de commencer cette critique sur ce film, il est important de présenter les faits réels qui se sont déroulés dans l'histoire d'Oscar Grant et sur les raisons du réalisateur à vouloir réaliser ce long métrage.

Le 1er janvier 2009, Oscar Grant, un jeune homme noir âgé de 22 ans, prend le métro avec ses amis pour terminer la soirée du nouvel an. Suite à une violente altercation avec un homme, Oscar et ses amis se font sortir de force du métro par la police. Alors qu'il était mis à terre par un policier blanc, Oscar se fait tuer par celui-ci avec son arme de service. La scène fut filmé par plusieurs témoins du métro effrayés par ce fait inhabituel et choquant.
Sa mort fut bien plus qu'un deuil national : un signe évident que le racisme, les discriminations et les tensions entre la police et la population sont plus que jamais présent dans le pays.


La mort d'Oscar Grant est rapidement devenue un symbole de prosternation
 face au racisme et aux abus de la police américaine.


Le procès du policier responsable de l'assassinat fut rapidement long et compliqué. Les jurés du procès avaient initialement prévu une peine de 4 ans de prison pour homicide involontaire, mais celle-ci est finalement raccourcie à 2 ans. Les mois passèrent et prouvaient de plus en plus que ce procès ne devenait pas clair et que le système judiciaire américain était défaillant. De nombreuses manifestations ont éclaté pour réclamer justice à cette funeste histoire. Les médias se sont emparés de l'histoire et en ont tiré différentes versions de faits qui se déroulés, mais aussi de la vie d'Oscar Grant.

L'assassinat d'Oscar Grant avait marqué plus d'un américain, dont Ryan Clooger qui se disait que ça aurait pu arriver à n'importe qui, même à lui. La tournure que le procès avait prise, a surpris le jeune américain : "Pendant le procès, j'ai vu comment la situation s'est politisée : selon l'appartenance politique des uns et des autres, Oscar était présenté comme un saint qui n'avait rien fait de mal dans sa vie, ou comme un monstre qui n'avait eu que ce qu'il méritait cette nuit-là. J'ai eu le sentiment que ce phénomène lui faisait perdre son humanité".

Le bût du jeune réalisateur n'est pas uniquement de retranscrire les faits et de rendre hommage à la victime de cette injustice, mais aussi d'établir un vrai portrait sur une personne qui était comme vous et moi : un humain avec ces hauts, ces bas, ces regrets, ces passions, ces rêves et ces rédemptions.

Réalisé par Ryan Coogler et produit par Forest Whitaker, Fruitvale Station est une biopic unique en son genre puisqu'elle se concentre principalement sur les 24 dernières heures de la vie d'Oscar Grant. Ayant un regard très personnel sur le sujet, Ryan Coogler présente le personnage principal comme un individu normal n'ayant rien d'exceptionnel, mais qui se montre à la fois complexe et fascinant à cause de sa situation actuelle. Oscar Grant est un homme ayant payé le prix de ses erreurs, qui tente de se racheter auprès de ses proches qu'il les a blessés et déçus, et qui souhaite redonner de l'amour et de la confiance à sa propre famille. Filmé en grand partie caméra à l'épaule, Fruitvale Station se veut honnête dans ce qu'il montre et immersif en suivant son personnage tout le temps durant ses 24 dernières heures.
C'est justement cette sincérité que l'on retrouve dans la mise en scène et la construction de ces personnages, qui rend la biopic aussi authentique, bouleversante et "terre à terre".


Un point du film qui peut sembler anodin, mais qui se révèle fort et pertinent dans la construction d'Oscar Grant (Michael B. Jordan) :
 l'amour d'un père pour son enfant.


Pour son premier long métrage, Ryan Coogler a su bien s'entourer au niveau du casting :
Michael B. Jordan (Chronicle, Fantastic Four) incarne magnifiquement Oscar Grant avec beaucoup de talent et charisme. Certainement l'un des meilleurs rôles de sa carrière ! Apparue dans Soyez sympa, rembobinez, Melonie Diaz joue le rôle de la femme d'Oscar. Une interprétation de très bonne qualité où la jeune actrice se montre plus que convaincante. L'un des personnages les plus marquants et émouvants est probablement celui de la mère d'Oscar, qui est incarnée par Octavia Spencer (La Couleur des Sentiments, Snowpiercer). En effet, l'américaine récompensée pour de nombreux rôles au cinéma, est comme à son habitude : incroyable ! Bien que leurs personnages soient assez secondaires, les acteurs Kevin Durand (The Strain) et Ahna O'Reilly (La Couleur des Sentiments) s'en sortent plutôt bien malgré un très faible temps de présence dans le film.

L'intérêt du long métrage ne réside pas uniquement dans son histoire et ses personnages, Ryan Coogler met surtout en avant l'atmosphère urbaine d'Oakland, ville où s'est réellement déroulé les événements. Le jeune réalisateur filme la ville de manière à lui donner une vraie identité et d'être un personnage à part entière avec ces propres histoires.

Bien que discrète, la bande originale composée par Ludwig Goransson se révèle agréable à entendre grâce à des mélodies calmes et douces. Celle-ci apporte un réel plus dans Fruitvale Station en apportant de la justesse, du réconfort et de la sincérité lors de certaines scènes.

Oscar Grant (Michael B. Jordan) devra prouver à sa compagne (Melonie Diaz) que ses erreurs du passé ne reviendront plus perturber  leur relation et leur vie familiale.


Fruitvale Station est une biopic pertinent et particulièrement émouvante, mais aussi une oeuvre cinématique personnelle qui ne nous laisse pas indifférent. Ryan Coogler réalise son premier long métrage avec brio, talent, justesse et respect pour une histoire perturbante dont la vérité fût plus que déformé par les médias.

De gauche à droite : Melonie Diaz, Michael B. Jordan, Octavia Spencer, Ryan Coogler et Forest Whitaker


Note : 19/20 

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