Preview - The Lake (2016)

Depuis plusieurs années, le fantastique a du mal à trouver sa place en France dans le coeur des producteurs et distributeurs français. Bien trop souvent, la raison donnée par rapport à ce problème est toute aussi agaçante que clichée
"Le genre fantastique en France est principalement réservé aux amateurs. Donc pourquoi soutenir financièrement un projet qui risque d'attirer qu'une très faible partie de la population française et de ne pas être rentable ?"

Même si quelques films du genre ont réussi à s'imposer et prouver que le fantastique est loin d'être mort dans notre beau pays (La Horde; Goal of The Dead), il est de plus en plus rare que ces films débarquent dans nos cinémas et redonne de l'espoir à un genre qui semble abandonner.

Tant dis que certains réalisateurs français préfèrent se délocaliser pour avoir plus de chances d'avoir des projets financés et réalisés (Alexandre Aja; Louis Letterier). D'autres décident de rester dans leur pays natale et continuer de se battre pour leur passion, leur métier et surtout pour que le fantastique fasse partie du paysage du cinéma français.
C'est le cas de Vincent Bonet , jeune réalisateur français de 32 ans qui est actuellement en train de terminer de réaliser son tout premier long métrage fantastique : The Lake.


Avant de vous présenter au mieux ce projet cinématographique, le Petit Cinéphile souhaite tout d'abord remercier infiniment Vincent Bonet, réalisateur du film, ainsi que Jasna Kohoutova et Yannick Rosset, les deux acteurs principaux du film, pour leur disponibilité et d'avoir pris le temps de répondre à l'interview.

Avant de commencer l'interview,
voici une fiche technique du film :

Nom du projet :
The Lake

Nombre de figurants :
300 environ

Date de sortie :
Automne 2017

Support de sortie du film :
Actuellement en cours de discussion

Budget du film :
500 000 € environ

Lieu de tournage :
Haute-Savoie

Nationalité :
Franco-Suisse

Producteur :
Lerman Live Production

Synopsis :

Et si la folie était contagieuse ?
Les habitants de ChurchLake, paisible petite ville lacustre de montagne vont voir leur vie peu à peu basculer dans la terreur, suite à la survenue d’événements tragiques et inexpliqués...
Surgie de nulle part, et sans aucun signe avant-coureur, la folie semble s’emparer sans discernement de la population locale.
Touchée de près par la mort, Hélène, une mère de famille aimante et dévouée d’apparence fragile, va faire appel à Harry pour enquêter sur ce drame.
Qu’est-ce qui provoque ce bouleversement radical et soudain du comportement des habitants ?
Et comment cette menace se propage-t-elle ?
C’est ce que va devoir découvrir Harry, un homme solitaire et déterminé, au travers d’une quête à la recherche d’indices, déroulant l’intrigue malgré lui entre rapports sincères et faux semblants. Il devra en même temps faire face à ses démons intérieurs, ne pouvant faire confiance à personne.
Les différents protagonistes aux destins croisés sont tous enfermés dans l’illusion de leur réalité et la vision qu’ils s’en sont fabriqués.
Quelle sera leur réaction lorsque leur monde s’effondrera ?

Et quel en sera le prix à payer ?


Interview de Jasna Kohoutova etYannick Rosset.
Jasna Kohoutova



Yannick Rosset


1 - Pour les personnes qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter ?

Jasna Kohoutova : Bonjour je m'appelle Jasna Kohoutova, je suis comédienne d'origine tchèque, installée à Genève depuis plus de 20 ans. J'ai travaillé dans le théâtre, le cinéma et le cirque moderne ainsi que dans la danse/performance. Le dernier film, un drame horrifique, Chimères d'Oliver Beguin dans lequel j'interprète le personnage féminin principal, a connu un succès notable dans le monde du cinéma fantastique. 
A ma grande joie et grâce à ce film, j'ai emporté 3 prix de meilleure actrices dans des festivals internationaux pour ma prestation.

Yannick Rosset : Bonjour ! Hé bien, je suis comédien dans le théâtre et le cinéma depuis une quinzaine d'années. Et comme la plupart des comédiens, je fais mon métier sans être connu (rires) ! Mais je suis absolument chanceux de pouvoir le faire. Au théâtre, j'ai joué dans un peu plus de 30 pièces, depuis ce temps, aussi bien en France, qu'en Suisse, au Canada et au Maroc. 
Concernant les films, Chimères d'Olivier Beguin, a bien fait parler de lui, surtout dans bons nombres de festivals de films de genre. C'est un film indépendant Suisse qui aborde le vampirisme d'une manière assez étonnante. Jasna Kohoutova et moi tenions les 2 rôles principaux. Et nous extrêmement heureux d'être à nouveau attachés à un même film : The Lake de Vincent Bonet.


2 - Dans The Lake, vous incarnez l'un des protagonistes du film. Pouvez-vous nous décrire votre personnage ?

 J.K : J'incarne Helen, une femme très intrigante qui semble marier à la fois la douceur et un mystère inquiétant. C'est une mère de famille aimante et tendre, cependant elle dégage une aura qui laisse présager un côté qui échappe totalement à sa vie de famille "ordinaire". Elle laisse planer le doute sur son identité profonde et ses mouvements intérieurs. C'est un personnage subtil et insaisissable.

Y.K : Je joue le rôle de David Keller. Un personnage assez mystérieux. Il semble posséder 2 facettes : l'une vue par sa femme et l'autre vue par son œil à lui. Étonnamment ces 2 visions de sa personne, de son histoire personnelle, ne semblent pas coïncider. De toute manière dans Church Town, là où il réside et où le film se déroule, le mystère est le dénominateur commun. L'ambiance de la ville, de son lac, de ses habitants, n'est pas normale, quelque chose de troublant et de déstabilisant s'y déroule. 
Et les personnages du film (David ne faisant pas exception) paraissent manipulés ,dirigés, par quelque chose de plus forts qu'eux. Chaque personnage a l'air désemparé, perdu, dans l'ambiance étrange de cette petite ville au sein de la montagne. David Keller cherche donc des réponses.

3 - Le script de The Lake semble se pencher de près aux démons intérieurs qui nous hantent. Est-ce un des thèmes qui vous a donnez envie de jouer dans le film ?

J.K : Oui, absolument. C'est un thème qui m'intéresse énormément dans la questionnement profond qu'il soulève chez nous comme les êtres humains. Je crois sincèrement que nous avons en tous qui nous habitent et qui parfois même parfois peuvent nous conduire aux portes de la folie. Cependant, je ne les lie pas à une représentation classique de l'enfer, mais plutôt à la complexité de notre vie psychique qui, de par sa forme en partie inconsciente, nous échappe par moment. 
Les cauchemars, les hallucinations, le délire....Où est-ce que se situent exactement les frontières de la réalité ? Sartre disait : "Les enfers, c'est les autres". Je pense que l’interprétation subtile de cette citation nous renvoie directement à nous-mêmes : notre propre enfer, c'est nous.




4 - Comment avez-vous pris connaissance de ce projet et qu'est-ce qui vous a donné envie de jouer dans ce long métrage fantastique ?

Y.R : Hé bien ce sont les miracles d'Internet ! Je cherchais les tournages à venir, des projets cinématographiques dans la région Haute Savoyarde et Suisse. Et je suis tombé sur le site de The Lake. Je n'avais pas entendu parler de ce film. Le visuel et le synopsis m'ayant "accrochés", j'ai simplement envoyé un mail au réalisateur lui expliquant que, même si les castings étaient passés, ça me ferait plaisir de le rencontrer car il n'y a pas tant de gens qui réalisent des films et que s'il état un amoureux du cinéma comme je le suis, on aurait beaucoup de choses à se dire ! 
Par chance, il m'avait vu jouer dans Chimères lors de sa première projection au NIFFF de Neuchâtel. On s'est très bien entendu lors de cette rencontre et ayant aimé mon travail sur le film qu'il avait vu, il m'a proposé de rejoindre le projet. Les bienfait d'Internet et des verres en terrasse !

5 - Le tournage du film n'est pas encore terminé. Comment se passe votre collaboration avec Vincent Bonet, le réalisateur du film ?

Y.R : Effectivement, nous n'avons tourné qu'une partie pour l'instant. Ceci est volontaire.
Techniquement, Vincent a mis le paquet sur le tournage, il n'a pas lésiné sur la qualité. Il ne veut tout simplement pas faire un film au rabais, et son histoire mérite le meilleur possible. Le but de ce premier tournage était d'inciter des producteurs à nous suivre jusqu'au bout ces images.

Notre collaboration se passe très bien. Il est ouvert à la discussion, il aime que l'on propose un maximum d'idée en tant qu'acteur, et il nous fait confiance, ce qui est très agréable et donne d'autant plus envie de donner le meilleur. J'ajouterais que l'entente avec mon partenaire de jeu (Bartek Sozanski, un des acteurs principaux de The Lake) pour ces scènes tournées est tout simplement parfaite. Et je peux vous dire que cela aide beaucoup. L'humain est à mon avis, une partie importante de la réussite d'un tournage. Alors quand la "connexion" est là, tout va !

J.K : Vincent est une personne adorable et très à l'écoute. Il sait exactement où il mène son scénario, il reste ouvert à nos propositions comme acteurs interprétant les personnages principaux. C'est une collaboration très passionnante et enrichissante de par cette active et engagée qu'il nous demande en tant qu'interprètes. Ceci nous permet également de nous approprier l'univers complexe de The Lake et en faire partie intégrante aussi bien dans l'interprétation comme dans la réalisation globale du projet.


6 - Vincent semble prévoir un format épisodique (Série TV) de The Lake après le long métrage, aurions-nous l'occasion de vous retrouver dans ce sequel ?

J.K : Oui, il y a des fortes chances ! (rires)

Y.R : Pour ma part, je pense que le format série s'adapte très bien à son scénario. La série permettra de tout accentuer et préciser : autant dans l'ambiance de la ville, l'étrangeté générale, le rapport entre les personnages, etc... Oui je serais dans la série, j'en ai d'ailleurs très envie, et j'espère que Vincent Boner n'est pas prêt de changer d'idée là-dessus.
Merci pour votre interview ! :)







Interview de Vincent Bonnet 




1- Le synopsis du film possède de nombreuses similitudes à des films connus comme The Mist ou encore The Crazies. Est-ce une manière de rendre hommage à ces oeuvres cinématographiques ou plutôt pour poser des bases solides au film ?

Hormis la brume ambiante pour The Mist ainsi que les crises de folie pour The Crazies de 2010 (qui est lui-même un remake de la version de maître George A. Romero de 1973). Il n'y a aucune similitude. Le scénario est totalement original la brume et la folie sont là pour habiller le film.

2- D'après les images promotionnelles de votre film, le lac semble être un personnage à part entière.
A quel point ce lieu est-il important dans The Lake (sans trop en dévoiler bien sûr) ?

Le lac est une entité, une frontière... Mais je ne peux effectivement pas m'étendre plus sur le sujet :) .

3- Le film est tourné principalement dans la Haute-Savoie. Qu'est-ce que cette région de France a de si particulier pour réaliser The Lake ?

C'est dans les paysages (sur)naturels de la Haute-Savoie que j'ai souhaité mettre en scène cette histoire, située entre lacs et montagnes, bercée par une luminosité si particulière, mélangeant plusieurs temporalités donnant une porte d'accès à un univers où s'entremêlent le réel et l'iréel. Le lac est le plus grand d'Europe, digne d'une vraie mer, en général placide, il alterne subitement avec de fortes tempêtes... 
Pour seul signe préventif, l'allumage des feux oranges le long des rives distinguables dans la brume, pour signaler aux hommes de rentrer car la situation va se compliquer très rapidement....

La haute montagne comportant les plus hauts sommets d'Europe, dominant les vallées oppressées, magnifique, vertigineuse et dangereuse, donne un étrange sentiment de sécurité et de vulnérabilité. Tous ces éléments de décors naturels sont de véritables acteurs à part entière. Ces paysages alliés à une gestion adroite du hors champs accentué par un jeu de caméra subjective suffisent pour installer le trouble entre bienveillance et malveillance des lieux.

4- Les films fantastiques français sont très difficiles à être financé à cause de nombreux producteurs français qui considèrent ce genre cinématographique comme trop "amateur". Avez-vous aussi rencontré des difficultés pour financer votre long métrage ?

Je n'ai pas rencontré de difficultés particulières. J'ai autoproduit les première images, de là les sociétés de productions ont été intéressés par le projet.

5- Votre film est-il tourné en pellicule ou en numérique ? Quelle(s) caméra(s) avez-vous utilisé et pourquoi ?

Je ne m'occupe pas de la technique, l'important pour un réalisateur est avant tout d'avoir une histoire à raconter, c'est mon chef opérateur (Alex Moyroud) qui a choisi le matériel afin d'en extraire une image qui soit fidèle à l'ambiance recherchée.
Nous tournons en numérique avec une caméra Red Epic Dragon 5K.

6- Vous comptez adapter votre film en série TV, que pouvez-vous dire sur ce projet ?

Il est encore trop tôt pour en discuter publiquement, tout dépendra du succès du film, mais cette histoire se prête parfaitement à être décliner en série. D'ailleurs le script a été développer dans un premier temps pour un format série de 6 épisodes de 52 minutes chacun. Nous avons fait le choix de le porter sur un long métrage dans un premier devant les difficultés des productions télévisuelles où effectivement il est difficile de sortir des sentiers battus...






J'espère que cette interview vous a plu et que le film The Lake vous a attirer votre curiosité.
Selon moi, il est important de soutenir ce type de projet, car comme je le mentionnais dans mes premiers de cette article preview : le cinéma fantastique est menacé car considéré comme un genre trop "amateur" et qui n'a plus vraiment sa place dans le cinéma français.
Chacun est libre de se faire son avis sur cette situation, mais sachez que de nombreux passionnées de cinéma dans notre cher pays se battent comme ils peuvent pour prouver que le cinéma fantastique existe encore et que nous sommes parfaitement capable de nous différencier de nos concurrents étrangers.








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