Critique : l'Odyssée (2016)

Grand vagabond marin au bonnet rouge, Jacques-Yves Cousteau, connu surtout sous le nom du Commandant Cousteau, fait partie des plus grands explorateurs de notre Terre et ayant révolutionné les plongées sous-marines à travers plusieurs objets conçus. Son immense passion pour des fonds marins fût transmise très rapidement à sa famille et lui a permis d’être reconnu dans le milieu des recherches océaniques. 
Sa notoriété a grandi de manière exponentielle grâce à ses films documentaires tournés dans les quatre du monde avec son Calypso, et pour ses innovations comme la soucoupe plongeante ou le scaphandre autonome où il avait perfectionné ce dernier. Une personne très importante par sa passion et ses recherches ne pouvait pas, bien sûr, ne pas passer entre les mailles du filet des films biopic, dont ce dernier en devient presque une mode dans le cinéma ! Est-ce que l’odyssée de l’homme au bonnet rouge sera bien retranscrite dans ce film ? C’est ce que nous allons voir…


Les océan, des monde à la fois sombres, majestueux, immenses et regorgeant de merveilles en tout genre.

Réalisé par Jérôme Salle (Largo Winch), L’Odyssée prend le parti de ne pas uniquement se centrer sur l’incroyable vie du Commandant Cousteau, il met surtout en avant sa relation avec sa famille. Un choix pas si surprenant que cela, car la famille de l’homme au bonnet rouge a toujours un rôle important à jouer de près ou de loin dans ses voyages et la plupart de ses choix personnels. La biopic a la grande force de montrer le monde océanique dans la plus belle des façons grâce à un visuel et une mise en scène magnifique et qui arrive à nous transporter au-delà de l’écran ! Le réalisateur français a très bien compris que l’environnement où les protagonistes se déplacent ne doit pas être représenté comme une forme d’attraction, il en devient entièrement un personnage à part entière.

Sous l’eau, Jérôme Salle nage parfaitement comme un petit poisson et arrive à nous transporter avec lui dans les profondeurs de l’océan, mais de nombreux problèmes vont nous faire rapidement sortir de l’eau… En effet, le fait que le long métrage soit un projet extrêmement ambitieux porté par un casting 5 étoiles (Pierre Niney, Lambert Wilson, Audrey Tautou) et produit par une grosse entreprise nous donne l’impression d’être plutôt devant un film de studio qu’un film 
d’auteur. 
Cette impression se confirme dès les premières minutes à cause d’une mise en scène beaucoup trop propre, prétentieuse et fluide, ce qui rend l’univers que Jérôme Salle souhaite installer bien trop idyllique. Un problème au final prévisible en prenant du recul quand l’on voit qui a produit le film (pour ne pas citer de nom, il est composé de deux lettres et d’un chiffre). Fort heureusement, le film arrive enfin à prendre son envol à partir de 30 minutes pour peu à peu aborder cette biopic de manière plus personnelle, que cela soit dans les sujets abordés ou dans la mise en scène.

" - Il y a un monde entier à découvrir...
- Alors, qu'est-ce qu'on attend ?
 Jacques-Yves et Simone Cousteau

Même si l’évolution de la famille Cousteau est dans l’ensemble intéressante et riche en surprises, il reste quand même dommage que Lambert Wilson et Pierre Niney occupent beaucoup trop l’écran, ce qui propulse certains personnages au second plan sans vraiment de raisons. Cela en devient presque frustrant comme pour par exemple la femme de JYC joué par Audrey Tautou qui passe d’un seul coup vers la moitié du film en personnage secondaire alors qu’elle est présentée sous un rôle vital dans la vie de son mari et cela est montré à plusieurs reprises. 
L’Odyssée se focalise en grande partie sur la relation compliquée entre le Commandant Cousteau et son fils, un choix qui s’avère très intéressant et peu commun pour une biopic. Le duo Niney/Wilson fait des merveilles à l’écran, grâce à des personnages très bien écrits de manière à ce que l’on ne se retrouve pas devant un énième rapport conflictuel père/fils sans jamais forcément aller plus dans les sentiments et les pensées des derniers. 

Bien que le bonnet rouge lui aille bien, Lambert Wilson (Matrix Reloaded) est totalement à l’aise sous le rôle du Commandant Cousteau malgré quelques mimiques assez récurrentes dans son jeu d’acteur. Audrey Tautou (Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain) possède l’un des personnages les plus intéressants du film, mais elle l’a rend irritante en surjouant lors de certaines scènes. Après son rôle bien déjanté et touchant dans Five, Pierre Niney surprend à nouveau en incarnant l’un des fils Cousteau de manière très sérieuse et impliqué. Le jeune acteur français réussi y apporte beaucoup personnellement à son personnage, ce qui le rend encore plus profond et fascinant que ce qu’il n’est à la base !

Composé par Alexandre Desplat (The Imitation Game), la bande originale de la biopic est de très bonne qualité malgré qu’elle soit un tantinet "grossière".

L’Odyssée est une biopic à la fois passionnante dans l’écriture des personnages, magnifique dans sa façon de montrer les beautés de l’océan et maladroit dans sa mise en scène superficiel et la gestion très inégale de ses protagonistes. En voulant représenter au mieux le marin français au bonnet rouge, Jérôme Salle trébuche quelques marches et n’a pas réussi à faire vraiment honneur cet ambitieux projet qui était peut-être trop grand pour lui. Loin d’être mauvais, l’œuvre cinématographique n’est juste pas la hauteur de ce qu’elle aurait pu être.

De gauche à droite : Vincent Heneine; Jérôme Salle; Pierre Niney; Rafaël De Ferran; Audrey Tautou; Ulysse Stein; Lambert Wilson et Chloé Hirschman


Note : 12/20

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