Critique : La Surface de Réparation (2018)

Dans n’importe quel type de films, il est assez courant de suivre différents personnages ayant un destin où le schéma reste globalement très simple et se passe en trois étapes : l’ascension vers le succès, la descente aux enfers et la reconstruction après l’échec. Malheureusement la troisième étape est régulièrement écrite de telle manière à être un dernier acte assez bref sur l’histoire principal et oublie totalement de répondre à deux grandes questions : Que se passe-t-il après un lourd échec ? Comment essayer de renaître après avoir été brisé ? 
Pour son tout premier long métrage, La Surface de Réparation, Christophe Regin veut exploiter les zones brumeuses de la reconstruction après l’échec d’un rêve à travers l’envers du décor des clubs de football français. S’agit-t-il d’un premier film à l’image des ambitions de son réalisateur ? C’est ce que nous allons voir…



Travaillant officieusement pour le club de foot du FC Nantes afin de surveiller, aider et motiver les joueurs, Frank (Franck Gastambide), un ancien joueur verra son vie particulière bousculée lorsqu’il rencontrera Salomé (Alice Isaaz), une jeune femme enchaînant les relations amoureuses avec des footballeurs.

Sous un postulat qui reprend certains codes narratifs très classiques dans le genre, La Surface de Réparation arrive à séduire au bout de 15 minutes en commençant à nous conter l’histoire d’un homme n’ayant pas encore fait le deuil de l’échec de son propre rêve et qui veut rester proche de ce rêve désormais inaccessible en connaissant la douleur mentale et morale que cela peut lui poser. La grande force du long métrage de Christophe Regin est de rendre son histoire à la fois réaliste pour sa thématique montrant clairement que cela est un fait réel que peut toucher n’importe qui et dans n’importe quel milieu, mais aussi pertinent dans le paysage du genre dramatique du cinéma pour son concept peu commun et développé en profondeur sur 1h34. 

Malgré une mise en scène assez lambda, La Surface de Réparation se rattrape aisément sur sa photographie travaillée notamment sous des scènes de nuit qui contribuent à la construction de ces protagonistes. Loin d’opter pour une vision assez restreinte et caricaturale du football français en présentant la folie et les dérives de ce dernier à travers un vague de clichés vu et revu, le film reste principalement concentré sur ces personnages aussi principaux que secondaires où ces derniers sont admirablement bien joué par son casting incroyable. 

Vivant chacun dans l'ombre de la réussite à leur manière, Frank (Frank Gastambide) et Salomé (Alice Isaaz) restent proche malgré leurs approches différentes du milieu du football.  

En effet, Frank Gastambide (Les Kaïras) prouve sans problème son talent dans un registre différent de sa carrière essentiellement composé de comédies douteuses sous un rôle complexe à retranscrire à l’écran ; Alice Isaaz (La Crème de la Crème) use aussi bien de son charme que de son talent et confirme une nouvelle fois qu’elle mérite d’être plus présente dans le cinéma français ; Hippolyte Girardot (A Cœur Ouvert) et Moussa Mansaly (Patients) s’en sortent sans mal malgré leurs personnages assez linéaires et pas assez consistant.

Bien que sa forme assez classique puisse clairement diviser, La Surface de Réparation offre une belle leçon au cinéma de genre en France, mais surtout humaine grâce à la justesse de son réalisateur qui s’est porté son projet sur ces épaules sans dériver dans les pires schémas narratifs qui existent dans le genre. Juste dans ces messages, réaliste dans l’écriture de ces personnages, passionnant dans sa photographie, le long métrage de Christophe Regin est un objet cinématographique est découvrir en prenant du recul sur ces maladresses pour mieux apprécier sa profondeur. 

De gauche à droite : Frank Gastambide, Moussa Mansaly et Christophe Regin


Note : 14/20

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