Critique : The Death of Staline (2017)
En voyant les mois et les années passées sous nos yeux, il est difficile de ne pas constater que le cinéma de nos jours cherche à s’imposer politiquement au-delà de l’écran. Souvent exposés sous une forme très sérieuse et réaliste afin de sensibiliser au mieux son public sur une réalité toujours présente, les récits politiques dans les films ont tendances à détruire les barrières de la fiction pour ne laisser part qu’une émotion loin d’être positive en fin de séance.
Comme d’autres genres assez précis, les comédies satyriques sous une forme politique sont en voie d’extinction depuis un bon moment et il est assez triste d’assister à un style de films qui peut se montrer tout aussi subtile et malin que les dernières tendances cinématographiques.
Après une veine tentative dans le même genre avec In the Loop, le Britannique Armando Iannucci revient derrière la caméra avec un troisième long métrage sous le signe l’Union Soviétique avec The Death of Stalin. Bonne pioche ou un nouvel échec dans la comédie satirique ? C’est ce que nous allons voir…
Basé sur la bande dessinée française du même nom, The Death of Stalin nous plonge dans la Russie des années 50 où le chef de l’URSS, Joseph Stalin, est tué par une attaque cardiaque. Bien que son décès ait pu émouvoir une partie de la population du pays, cette nouvelle lancera une conquête de pouvoir entre les membres de son gouvernement où tous les coups sont permis.
Alors que les différentes versions plus ou moins officielles sur la mort de Staline n’ont jamais vraiment bien aidé à démêler le vrai du faux, il est assez intéressant de découvrir une de ces versions possibles sous un angle à la limite de la caricature et réalisé par un anglais qui ne manque. The Death of Stalin se dévoile en 1h48 comme une belle pépite franco-anglaise jouant subtilement entre le premier et second degré de ces personnages ainsi que son récit.
Présentés comme de véritables requins jouissant des bienfaits de leur poste, les ministres du défunt président de l’URSS vont très rapidement devenir détestables et jouer continuellement un double jeu entre eux. Avec une mise en scène très théâtrale, le long métrage d’Armando Iannucci offre un joli lot de scènes hilarant aussi bien dû à la situation présentée qu’aux subtils dialogues ne manquant pas d’humour corrosif et très anglais.
Joseph Staline vient tout juste de rendre l’âme que sa mort lance une lutte de pouvoir.
En assumant très librement de s’inspirer des faits historiques, le réalisateur parvient à intégrer un degré de surréalisme dans son film que ça soit dans l’écriture globale des personnages (principaux comme secondaires) ou la narration, à tel point qu’il puisse paraître très probable en réalité.
Avec un casting 5 étoiles et parfaitement choisi, difficile de se plaindre sur ce point : Jeffrey Tambor (Hellboy) ; Steve Buscemi (Armageddon) ; Simon Russell Beale (The Gathering) ; Michael Palin (Monty Python) offrent une prestation remarquable à l’écran et inoubliable. On notera également de très bons rôles secondaires attribués à Olga Kurylenko (Dans la Brume) ; Paddy Considine (The World's End) ; Andrea Riseborough (Oblivion) ; Rupert Friend (Starred Up) ; Jason Isaacs (Harry Potter) ainsi qu’Adrian Mcloughlin. En somme, une très belle preuve qu’il est important de ne jamais trop négliger des rôles secondaires car ils font partie de l’ADN du film.
Sans être totalement noyé dans un second degré qui peut finir par lasser et ne plus vraiment avoir de sens à force, Armando Iannucci comprend le contexte qui entoure son adaptation et le montre à travers des scènes sincères dans sa manière de montrer la Russie gouvernait par un chef craint, sans remord et imposant. La transition entre ces deux tons fonctionne sans mal et permet d’assister à une œuvre du lourd bagage historique qu’elle porte sur ces épaules, mais que ne se laisse pas pour autant entraîner dans un mélodrame vu et revu.
Réussissant à jouer la carte de la satire politique avec brio dans une époque loin d’être joyeuse, The Death of Staline sait nous faire rire avec intelligence. Mise en scène digne d’une pièce de théâtre, personnages et dialogues écrits dans le plus grand soin, casting plus que convaincant, Armando Iannucci livre une comédie franco-anglaise qui marque sur de nombreux points et avec un regard unique en son genre du régime Stalinien.
De gauche à droite : Armando Iannucci, Andrea Riseborought et Jason Issacs.
Note : 16/20
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