Flashback : New Nightmare (1994)

Véritable créateur d’angoisses en tout genre et de nuits blanches, le cinéma d’épouvante-horreur a évolué en plus de 120 ans à rythme conséquence notamment à partir des années 20 avec des films comme Nosferatu qui ont propulsés le genre. Bien que ce cinéma a connu aussi bien ces heures de gloire que ces périodes de doute, il a malgré tout su attirer un public en manque d’expériences et d’auteurs regorgeant d’idées pour développer de véritables mythologies avec leurs créatures effrayantes.

Avant que l’épouvante-horreur ne perd de sa magie à partir de 2000 avec des productions régulièrement sans saveur, il est difficile de remettre en question l’impact qu’a pu avoir les années 80-90 sur le cinéma d’aujourd’hui. George A. Romero, Cliver Barker, John Carpenter, Sam Raimi ou encore Toby Hooper, des cinéastes qui ont réussi à non seulement transporter le cinéma de genre vers l’un de ces plus grands moments de gloire, mais lui donner une nouvelle identité forte et populaire. Parmi les grands monstres comme Jason, Pinhead et Michael Myers, une autre grande figure a su se différencier en empêchant ces futures victimes à trouver le sommeil pendant un bon moment : 
Freddy Krueger.

Réalisé en 1984, le film sur un groupe d’adolescents se retrouvant face à un puissant boogeyman qui peut tuer ces proies à travers leurs rêves, se retrouva rapidement irrigué dans les films cultes de l’époque et reconfirma tout le talent indéniable de Wes Craven. Après une exploitation de Freddy avec 5 autres films qui transforma la star horrifique en une créature plus clownesque que terrifiante, la saga commençait ne plus avoir de grands intérêts si ce n’est de voir des adolescents jetables mourir de façon plus ou original et avec quelques informations supplémentaires complétant la mythologie sur Freddy.
Malgré un box-office qui tenait le route pour pratiquement tous les opus de la saga, il était évident que le croquemitaine devait ranger son gant tranchant dès que possible avant sa présence dans la paysage dans le cinéma d’épouvante-horreur devienne plus que gênante. 

Afin de clôturer un univers horrifique de la plus belle des manières, le septième et dernier film Freddy doit être réalisé par la seule personne qui a comprend mieux que n’importe qui ce monstre du cinéma : Wes Craven.



New Nightmare (ou Freddy sort de la nuit pour les protecteurs de la langue de Molière) est ce que l’on peut considérer aux premiers coups d’œil comme une véritable anomalie à la fois dans la franchise culte, et dans le cinéma en général. Au-delà d’un simple bouquet finale où le boogeyman aux lames tranchantes revient d’entre les morts pour la 6e fois pour terroriser de nouveau les enfants de la petite ville Springwood, le long métrage s’éloigne radicalement de son concept pour plusieurs raisons. 
Tout d’abord, New Nightmare n’a pas pour vocation première d’être un film d’horreur, Wes Craven va plutôt s’intéresser aux regards que portent les stars de la franchise sur ce monstre devenu ultra populaire et donner aussi sa propre vision sur ce monstre qui a évoluer au fil des suites. En jouant avec les codes traditionnels du genre, le réalisateur américain va jusqu’à transformer l’univers des Freddy en un objet méta qui s'incrustera littéralement dans un autre film conté.



L’idée même du film de confronter les acteurs du premier opus comme Heather Langenkamp, Robert Englund, John Saxon ainsi que Wes Craven himself à l’impact qu’a pu avoir les Freddy dans leurs vies personnelles et professionnelles est à la fois surprenante et logique. Après le succès incroyable du premier film (25 millions de dollars sur le sol américain pour un budget d’environ 1,8 millions), le réalisateur prend des distances avec la saga même si sa position de scénariste pour Freddy 3 pouvait laisser présager un éventuel retour de ce dernier. Revenir après déjà 5 suites est assez symbolique, à la fois pour le luxe que s’offre, Wes Craven va définitivement arrêter sa propre création qui lui a "échappée" avec le temps sous forme de lettre d’adieu, et enfin au regard qu’il porte sur Freddy.

En matérialisant une partie de l’équipe du film dans leur rôle fictif où l’esprit de Freddy est toujours vivant sous différentes formes, New Nightmare présente à sa manière les dessous de la machine hollywoodienne qui se cache derrière chaque film de la saga. L’aspect méta du long métrage offre une dimension assez étrange et novatrice à la conception de ce dernier : le monde fictif de Freddy se montre d’abord comme un élément externe à la narration qui préfère mettre en valeur un univers réel ; cet élément en question va peu à peu s’intégrer au récit à base de reprises typiques des codes du genre au point de littéralement prendre le contrôle du film. On peut y voir évidemment ce procédé comme un lien fort concernant un élément habituel présent dans la structure narratif de la saga : l’adolescent rêve tranquillement jusqu’à ce que le boogeyman perturbe son sommeil en envahissant lentement, mais sûrement son monde imaginaire afin de le déposséder de toutes maîtrises et le tuer.

Après déjà 6 films de qualité variable, New Nightmare est un film d'auteur qui arrive à prendre du recul sur le bagage historique qu’il a, parvient à surprendre dans sa forme et qui touche dans son fond. Un épisode final ingénieux où une confrontation entre un créateur et sa création n'a jamais paru aussi mémorable.





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