Critique : Once Upon a Time...in Hollywood (2019)

Sous un soleil californien, ses rues et boulevards n’ont que très peu perdus de leur charme au fil du temps, ses immenses studios remplis d’histoires et d’anecdotes continuent de faire rêver les plus curieux. Son nom n’a de cesse attiré les plus audacieux cinéastes et producteurs qui souhaitent s’offrir le luxe d’une reconnaissance dans le monde. Ce lieu, indiqué le sommet du Mont Lee, montre à la fois sa puissance culturelle avec sa taille hors-norme qui permet de le voir au loin, et le symbolisme de la conquête de l’Amérique sur le cinéma : Hollywood.
Véritable monde où opportunité, ascension, gloire et désenchantement font parties des mots qui peuvent résumer très brièvement le quartier mondialement populaire de Los Angeles. Avec le temps, il a évolué et imposé de nouvelles tendances cinématographiques qui ont chacune marqué l’histoire du cinéma.

Parmi les nombreux icônes qu’Hollywood a fait naître et rendu populaire, Quentin Tarantino fait partie des rares cinéastes qui réussissent à transmettre leur amour fort et authentique du cinéma à chaque seconde de leurs films. En s’imposant un quota de 10 films, Tarantino compose son univers cinématographique aux multiples facettes dont la plus marquante et visible est son hommage à des œuvres qui l’ont profondément influencé et transposé à travers ces films originaux. Avec déjà 8 longs métrages à son actif, le réalisateur américain s’approche dangereusement avec le temps de sa "retraite" et l’annonce du concept de son avant-dernier film porte un sens évident pour sa fascination non cachée pour le lieu éponyme à celui de son projet, mais aussi par rapport au contexte actuel d’un empire cinématographique en pleine crise d’identité : Once Upon a Time…in Hollywood.



1969, alors que les westerns Hollywoodiens n’ont plus la cote auprès du public, la star Rick Dalton et son cascadeur Cliff Booth cherchent à relancer leurs carrières dans un monde qui changent sans eux, tant dis que Sharon Tate et Roman Polanski arrivent dans le quartier de Rick. 

Époque importante pour le cinéma américain et le pays, la fin des années 60 utilisait comme toile de fond n’a rien de hasard pour ce que symbolise cette période pour Tarantino et concernant le contexte social qui touche les USA : les hippies envahissent les rues en élançant les prémices du mouvement LGBT et manifestant contre la guerre, le "Viel Hollywood" touche à sa fin et la contre-culture arrive à grand pas. 
Ironiquement, Once Upon a Time…in Hollywood est bien, dans un sens, un conte nous plongeant un monde fantaisiste où une star et son acolyte vivent leurs derniers moments de prospérité sous la lumière d’une industrie qui ne leur offre de moins en moins d’opportunités à l’image de leur carrière ; une déconstruction narrative et intelligente qui amène à voir le long métrage de Quentin Tarantino comme son œuvre la plus personnelle, aboutit, malancolique, passionnante et triste de sa filmographie. Avant d’être un film parlant de cinéma, c’est avant tout un film sur ses personnages. En mettant en scène le fossé social entre ces trois personnages principaux, Tarantino représente Hollywood sous sa forme la plus féérique, mais aussi la plus désenchantée.



Jouant sur un cadrage plus contemplatif qu’à l’accoutumé et proche de Jackie Brown, le réalisateur américain installe une atmosphère mélancolique qui porte un lourd sens sur le regard qu’il porte sur son parcours de cinéaste, mais aussi pour l’écriture des personnages de Cliff et Rick. Ces derniers représentent à eux deux, la fin d'une époque pour une industrie cinématographique marquant un genre qui symbolisa les racines mêmes du cinéma américain : le western.
En ne cherchant pas uniquement à confronter le Hollywood actuel à son propre état d’inconscience artistique et sa crise artistique qui dure depuis plus de 10 ans, le film joue avec la réalité et la fiction que ça soit dans le basculement des codes du genre en toute transparence ou, comme dans Inglourious Basterds, l’histoire est utilisée comme une illusion qui permet au public à comprendre et adhérer aux règles du cinéma de Tarantino.



 Reflet même du parcours actuel du casting du long métrage, Once Upon a Time…in Hollywood montre les aléas de la vie d’acteurs et actrices se retrouvant inévitablement dans des choix de rôles plus ou moins discutables et de ceux qui souhaitent une popularité "saine" à l'image de leur personnalité. Ce constat se remarque en particulier pour les personnages incarnés par Margot Robbie et Léonardo Di Caprio qui sont clairement un parallèle à la situation professionnel de ces derniers, mais aussi deux visions différentes d’Hollywood : celle d’un monde féérique qui peut nous permettre de nous épanouir, et d’un rêve prenant inévitablement fin où le temps se présent 
sous forme d’épée Damoclès.

Véritable film aux milles visages, le 9ème long métrage de Quentin Tarantino offre un nouveau regard sur son cinéma, ses personnages et son Hollywood à chaque visionnage. Intemporelle dans son fond, authentique sur sa forme, porté avec brio par son casting finement bien choisi et roulant au rythme de sa bande-son mémorable ; Once Upon a Time…in Hollywood ne manque pas d’arguments pour se présenter comme un conte original, pertinent, fascinant et touchant.


Note : 18/20

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