FLASHBACK : Hulk (2003)

 Depuis maintenant 30 ans, l’exploitation des adaptations de comics de super-héros a pris de nombreux visages à mesure que les années passent et que l’industrie Hollywoodienne s’est approprié ce gros morceau de la pop culture jadis né vers la fin des années 30.
Au début des années 90, on peut aisément voir ce genre s’intégrer dans le paysage cinématographique grâce à des personnalités suffisamment importantes comme Sam Raimi, Stephen Norrington, Alex Proyas et Tim Burton qui ont réussi à retranscrire avec justesse toute la force et la magie des œuvres adaptées.

Bien que la plupart des films de super-héros ont rencontrés plus ou moins du succès au box-office, ils ont néanmoins étaient les piliers d’une nouvelle ère dans l’histoire d’Hollywood qui allait définitivement prendre forme au tout début des années 2000.

1990 et début 2000 sont deux périodes ayant une importance capitale sur les années à venir qui ont propulsés le genre des adaptations de super-héros au cinéma au point de ne plus ressembler à grand-chose aujourd’hui si ce n’est à des produits interchangeables. 
En 2003, année où les super-héros avaient encore du sens d’être à l’écran et où le monde entier tentait encore de se remettre de l’arrivée du tisseur de toiles sur les grands écrans il y a un an pour un certain Sam Raimi, les studios Universal avaient sorti en salle une adaptation assez risquée et qui continue toujours de diviser le public depuis 18 ans : Hulk réalisé par Ang Lee.



Librement inspiré du comic book créé par Stan Lee et Jack Kirby, le huitième film du réalisateur taiwanais nous plonge dans la vie de Bruce Banner, un jeune scientifique au passé énigmatique, se retrouvant avec la capacité de se transformer en un monstre quasi invulnérable et d’une puissance incroyable suite à un accident l'ayant mit en contact avec une forte dose de radiations. 

Par bien des aspects, Hulk est un film authentique dont les choix d’Ang Lee que ça soit sur la mise en scène, le découpage, les thématiques ou la narration. Ces points cités représentent dans un sens le monstre qu’il porte à l’écran : une créature à la fois fascinante, étrange, intimidante et imprévisible. Au-delà de simplement jouer la carte de l’origin story, Ang Lee s’attarde tout particulièrement aux liens émotionnels et le passé de ces deux personnages principaux, à savoir Bruce Banner incarné par Eric Bana et Betty Ross jouée par Jennifer Connelly. Cette démarche narrative permet tout particulièrement d’aborder Hulk comme un monstre humain portant toute la frustration, l’incompréhension et la colère d’un passé détruit et d’un héritage qui le maudit sous différentes formes





La relation compliquée entre Bruce Banner et Betty Ross permet d’épouser leur point de vue comme des personnes ayant peur de se blesser eux-mêmes et mutuellement, et essayant chacun de chercher une stabilité au fond d’eux. 
La difficulté qu’ont les personnages à s’exprimer sans une forme de tabous n’est pas uniquement représentée par les dialogues, mais surtout par la mise en scène et le cadrage d’Ang Lee. 

En effet, on peut facilement voir que le réalisateur symbolise la connexion difficile entre ces personnages principaux par des champs contrechamps où le regard de chacun ne se croise que rarement, un détail qui peut sembler anodin, sauf quand ce dernier à une place importante dans le développement émotionnel de ces protagonistes, notamment sur celui d'Hulk.




Le point le plus marquant de la mise en scène d’Hulk d’Ang Lee et certainement celui qui a beaucoup divisé le public, c’est son approche très « comic book » en composant les scènes comme des cases d’une bande dessinée prenant vie. Loin d’être simplement un effet de style marqué, ce choix a du sens pour une simple raison : Ang Lee est un réalisateur qui exploite continuellement des idées expérimentales que ça soit le plan visuel et narratif peu importe le projet entre ces mains. 


Le principe de mettre en scène le film sous cette forme est très loin d’être un concept ultra méta pouvant donner éventuellement le sentiment que ça cela soit une volonté idiote des producteurs pour toucher un nouveau type de public, bien entendu ça va au-delà de ça.

En effet, en supervisant la majeure partie de ces scènes du film comme des pages de comic book, Ang Lee permet de bien mieux rythmer son long métrage (par exemple, lors des passages de transition entre plusieurs plans qui sont bien plus explicites et courtes), exposer le point de vue de ces personnages et capturer les moments importants du récit de manière à ressentir la même sensation qu’un lecteur découvrant un passage clé immortalisé en une ou deux cases seulement sur une seule page

Bien parfois que trop appuyé durant certaines scènes, le rendu final est tellement marquant et intelligemment bien utilisé, que l’identité visuelle du film fait âme avec l’univers qu’Ang Lee adapte librement et montre une union quasi parfaite entre les codes de mises en scène du cinéma et celui des comics book.
Etrange et fascinant monstre aux multiples visages, Hulk reste encore aujourd’hui considéré comme une sorte de tabous que ça du côté du public ou d’Hollywood du fait qu’il soit à l’image de son réalisateur : expérimentale. Un film qui mérite d’être revu et réévalué pour sa générosité à essayer d’intégrer des idées de mise en scène et l’ambition de son auteur d’offrir une adaptation authentique tout comme avaient pu faire des personnalités comme Sam Raimi et Tim Burton.



Commentaires

Articles les plus consultés