Critique : The Batman (2022)
Avec 7 films au compteur, le super-héros le plus tourmenté de l’univers DC Comics a réussi en l’espace de 33 ans à devenir une juteuse franchise pour Hollywood. Malgré une fatigue certaine de son long bal de prequel, sequel, reboot, remake et je-ne-sais-quoi qui continue de montrer la panne sèche de créativité, le retour d’un personnage comme Batman garde quand-même cet aura d’évènement mondial. Si ce dernier tiens toujours à peu près debout et attise une curiosité quasi sans fin que ça soit à travers un écran ou des pages de comics, c’est tout simplement car il fait partie de ces super-héros possédant une mythologie suffisamment étoffée pour pouvoir se permettre d’avoir l’homme chauve-souris sous un angle différent.
Après un retour plus que compliqué dans les mains de Snyder au point de sombrer dans le cas d’école plus que malaisant de Justice League, exit Ben Affleck et sa masse musculaire un brin exagéré pour revenir vers des racines plus purs et symboliques de ce qui a permis à Batman de se hisser pour les personnages les plus populaires de la pop culture.
Loin de vouloir de repartir sur une conquête d’un multiverse sans âme à la Marvel pour concurrencer cette même franchise appartenant à l’Ogre aux grandes oreilles, Warner Bros veut porter le projet The Batman avec une approche similaire du succès colossal de Joker : un film à l’opposé des standards actuels. Réalisé cette fois-ci par Matt Reeves (Dawn of the Planet of the Apes) et avec Robert Pattinson pour incarner le plus jeune des Batou au cinéma, est-ce que ce nouveau reboot tient-il vraiment ces promesses ? C’est ce que nous allons voir…
Portant le masque et incarnant la peur dans l’esprit d’une bonne partie des criminels de Gotham depuis 2 ans, Batman doit élucider une série de meurtres étranges et sordides dont le mystérieux tueur souhaite faire éclater les plus sombres vérités de la ville au grand jour.
Loin des positions "réalistes" à la Nolan et vainement symbolique de Snyder, Matt Reeves souhaite plutôt aborder Bruce Wayne comme un jeune adulte embrassant la noirceur de ces pensées et de son trauma pour véhiculer à son alter-ego une aura digne d’un boggeyman insaisissable tapis dans l’une des ruelles sombres de Gotham. Bien que marquante et d’une efficacité rafraichissante par rapport au mythe de Batman au cinéma, cette note de départ haletante utilisant les codes de l’épouvante-horreur va rapidement se retrouver expédier et dévoilera l’un des gros problèmes du film : la faible exploitation d’idées audacieuses présentées pendant les quasi 3h du long métrage.
Un détail qui prend une certaine ampleur malheureusement
quand le long métrage explore les terres de thriller à la Fincher dont l’hommage
est tout sauf subtil et cela pendant la majeure partie du film. Les intentions
du réalisateur sont honorées sur ses grandes lignes et elles sont plus que convaincantes, mais elles
amènent involontairement des problèmes qui laissent penser que The Batman aurait
peut-être dû être conçu différemment (en deux parties par exemple) ou avec plus
d’attention sur certains aspects de sa narration. Ce constat se montrer surtout
par le nombre d’idées présentées, mais clairement non exploitées ainsi que son
dernier acte précipité et pas en concordance avec le reste du récit.
Conçu principalement comme un polar, Matt Reeves a du mal à faire tenir le scénario écrit par Peter Craig et lui-même du fait d’une enquête qui manque d’âme au point de s’étirer inutilement et d’une mise en valeur des compétences de l’homme-souris qui amènent de sérieux doutes sur ce dernier.
Concernant le casting, le film se rattrape très bien avec un Robert Pattinson convaincant et très impliqué (du moins en Batman), Zoé Kravitz cache du mieux qu’elle peut l’écriture faiblarde de son rôle de Catwoman, Paul Dano s’impose sans mal et insuffle une folie malsaine incroyable à son personnage.
Après un travail remarquable sur les deux derniers opus de la saga reboot de Planet of the Apes, Michael Giacchino retrouve Matt Reeves avec une bande originale légèrement décevante malgré quelques inspirations intéressantes.
Il est difficile de ne pas voir que The Batman est avant
tout une œuvre appartenant en grand partie à son réalisateur, elle n’en laisse
pas moins sortir au final un constat très mitigé du fait que le film compile
aussi bien les prouesses artistiques d’un blockbuster de notre époque (faut
avouer que la concurrence n’est pas colossale non plus) que les fausses notes
liées à des réécritures qui se font lourdement sentir.
The Batman laisse un goût amer d’une frustration, pas celle
d’être un film décevant, mais bien la frustration d’une œuvre cumulant les
maladresses et les occasions manquées tout en essayant d'être séduisant par ces notes
d’intentions.
Note : 12/20
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